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Prière des évêques de France au Sacré-Coeur le 8 juin 2020

Seigneur Jésus,

notre lumière, notre force, notre paix, notre joie,

après ces mois d’épreuve sanitaire,

en communion avec tous nos frères et sœurs dans la foi,

nous nous confions à toi.

Nous te confions ceux qui sont morts et ceux qu’ils laissent dans le chagrin.

Nous venons aussi te rendre grâce et te confier notre pays.

Sois béni

d’avoir été à nos côtés alors que nous traversions l’épreuve de la pandémie,

comme tu nous as protégés en bien d’autres circonstances de notre histoire.

Sois béni

pour la prière que ton Esprit a maintenue vivante

alors que ceux qui croient en toi ne pouvaient se rassembler pour te célébrer.

Sois béni

pour les multiples gestes fraternels à l’égard des plus démunis

et pour le dévouement des soignants

et de tous ceux qui, dans la discrétion, ont permis notre vie quotidienne.

Sois béni

pour l’accompagnement des malades et le soutien aux familles éprouvées.

Sois béni

pour l’engagement de ceux qui doivent veiller

sur toutes les composantes de notre communauté nationale.

Nous t’en prions,

accorde maintenant à tous la grâce du discernement et de la détermination

pour mettre en œuvre les conversions nécessaires

et faire face aux difficultés économiques, aux défis et aux opportunités de la période à venir.

À chacun des membres de ton Église,

accorde d’être attentif à tous et d’annoncer ton Évangile.

Seigneur Jésus,

remplis-nous de l’amour qui jaillit de ton Cœur transpercé,

libère-nous de toute peur,

fais de nous des témoins de l’espérance dont tu nous rends capables,

jusqu’au jour où tu nous accueilleras dans la Cité céleste. AMEN.

Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe des étudiants 2017

Mercredi 15 novembre 2017 – Notre-Dame de Paris

Le Samaritain guéri qui, seul parmi dix guéris eux-aussi, vient rendre grâce, est l’image de
tous ceux qui reconnaissent ce que Dieu fait pour les hommes. La participation à l’eucharistie est une réponse à une invitation de la part de Dieu. Nous sommes tous appelés à reconnaître l’action de Dieu dans nos vies et à évaluer comment elle nous transforme. Le prochain synode des évêques réfléchira sur le thème de l’appel de Dieu adressé aux jeunes qui sont invités à y répondre à travers leurs diverses vocations pour renouveler le monde.

-> Sg 6,1-11 ; Ps 81 3-4.6- 7 ; Lc 17, 11-19

Frères et Sœurs, Il y a des jours où l’on peut être tenté de s’identifier aux Samaritains quand les Samaritains ont le beau rôle ! Comme vous venez de l’entendre dans ce passage de l’évangile de saint Luc, ce Samaritain guéri fait partie des dix pour cent qui reconnaissent qui a opéré la guérison ! Les neuf autres ont aussi été guéris, mais cependant qu’ils allaient faire constater leur guérison selon les préceptes de la Loi auprès du prêtre, ils ont été tellement préoccupés de mener à bien leurs tractations qu’ils ont fini par oublier qui les avait guéri. Il n’y a que ce seul Samaritain, c’est-à- dire cet étranger et cet hérétique par rapport au peuple Juif, qui reconnaît que c’est la parole de Jésus qui l’a guéri et qui revient lui rendre grâce. Alors, j’espère que ce soir, nous qui sommes réunis pour cette eucharistie, nous sommes le dixième de tous ceux qui ont été guéris, que nous sommes le bon dixième, c’est-à- dire le Samaritain, et que nous revenons vers le Christ pour lui rendre grâce de ce qu’il a fait pour nous.

Peut-être certaines ou certains d’entre vous ne sont-ils pas encore tout à fait convaincus qu’ils sont Samaritains à cent pour cent, ils ont alors encore de la marge pour endosser
complètement le rôle du Samaritain ! Mais tous, vous savez que si vous êtes entrés ce soir
dans cette cathédrale, ce n’est pas par un effet d’instinct grégaire ou par simple curiosité, ou par amour des belles pierres, c’est parce que vous étiez invités, c’est-à- dire appelés pour célébrer ensemble le Christ qui donne sens à notre vie, célébrer sa puissance qui vient toucher les plaies des hommes et des femmes pour les remettre debout, pour les délivrer de ce qui les exclut de la communion, pour les conduire avec amour et tendresse vers les pâturages que le Père a préparés pour nous. Nous sommes ces pauvres pécheurs, et c’est sur nous que le regard du Christ s’est posé, c’est à nous que sa parole est adressée, c’est pour nous qu’il a mis en œuvre sa puissance.

Cette année, notre célébration est colorée d’une façon particulière par la perspective de la
session du synode des évêques qui se tiendra à Rome à l’automne prochain et dont le pape
François a souhaité qu’elle soit ardemment préparée par ceux qui en seront les heureux
bénéficiaires, si je puis dire, c’est-à- dire la jeunesse du monde. C’est pour préparer cette
rencontre des évêques du monde entier que vous êtes sollicités afin d’exprimer, non pas
simplement vos idées personnelles – qui peuvent toujours être intéressantes -, mais plus
profondément comment vous reconnaissez que le Christ est quelqu’un dans votre vie, et
comment cette présence du Christ dans votre vie transforme votre manière de vivre, votre
manière de comprendre le monde, votre désir de le transformer. Comment cette présence
mystérieuse du Christ – mystérieuse parce qu’invisible, mais certaine, parce qu’il nous l’a dit « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20), parce qu’il l’a mise en œuvre par l’envoi de son Esprit Saint, parce qu’il nous la rappelle régulièrement par la lecture et la méditation de sa Parole -, met-elle en œuvre dans chacune de nos existences une espérance et un facteur de nouveauté ? L’espérance, c’est la certitude que notre avenir,
l’avenir de chacune et de chacun d’entre vous, mais à travers vous, l’avenir de notre
humanité, n’est pas voué à la mort et à la destruction mais au contraire à la vie. L’espérance, c’est la certitude que malgré les difficultés que nous pouvons rencontrer au cours de notre existence, malgré les limites que nous éprouvons, malgré parfois les fautes que nous commettons, nous sommes appelés à une vie de lumière et de paix.

Cette session des évêques autour du pape François porte sur la jeunesse, et sur l’expérience des vocations, c’est-à- dire des appels qui sont adressés à cette jeunesse pour transformer le monde. Ces appels, ces vocations, se réalisent à travers des formes différentes mais elles ont toutes un point commun, c’est un regard que Dieu porte sur nous, c’est une parole qu’il adresse à notre cœur, c’est une orientation qu’il donne à notre vie pour qu’elle ne soit pas inutile.

Chacune et chacun d’entre vous est appelé à contribuer au renouvellement de ce monde.
Chacune et chacun d’entre vous est appelé à structurer son existence autour d’un dynamisme unique qui est le dynamisme de l’amour répandu en nos cœurs par la foi. Les uns vivront ce don d’eux-mêmes à travers des activités de tout genre, en fondant des familles, en accueillant des enfants, en les aidant à grandir. D’autres sont appelés à se donner tout entier pour la mission de l’Église comme consacrés, prêtres, religieux, religieuses. Tous, nous sommes invités au même chantier et nous sommes invités à la même table.

Que le Seigneur permette à chacune et à chacun d’entre vous d’entendre son appel, l’appel de Dieu pour lui ou pour elle. Qu’il permette à chacune et à chacun d’entre vous, à mesure qu’il avance dans ses études, de mieux discerner à quoi sa vie va être engagée, comment sa vie va pouvoir servir ses frères, comment l’amour va transformer son existence. Que le Seigneur vous donne de traverser cette période de discernement et de décision avec confiance dans la paix et dans la joie. Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

Neuvaine de St Philippe Neri – les dons miraculeux de St Philippe

Les grands et solides vertus de Philippe furent couronnées et ornées par la
Majesté divine de faveurs diverses et extraordinaires, qu’il cherchait par tous
les moyens, mais en vain, à cacher.
Ce fut le bon plaisir de Dieu de lui permettre de pénétrer Ses mystères
ineffables et de connaître Ses voies merveilleuses par le moyen d’extases, de
ravissements et de visions, qui se produisirent fréquemment pendant toute la
durée de sa vie.
Un ami, qui se rendait un matin chez lui pour se confesser, en ouvrant
doucement la porte de sa chambre vit le saint en train de prier, debout, les
yeux levés au ciel, les mains étendues. Il resta là quelques temps à le regarder
puis, en s’approchant, lui parla – mais le saint resta totalement inconscient de
sa présence. Cet état d’absence continua encore huit minutes environ ; puis
Philippe revint à lui.
Il eut la consolation d’avoir la vision de beaucoup d’âmes, surtout celles de
ses amis et pénitents, aller au ciel. En effet, ceux qui le connaissaient
intimement tenaient pour certain qu’aucun de ses fils spirituels ne mourut
sans que Philippe fut rassuré sur l’état de son âme.
Philippe, à la fois par sa sainteté et par son expérience, était capable de
distinguer entre les vraies et les fausses visions. Il mettait sérieusement en
garde les hommes contre le danger de l’illusion, qui survient facilement et
fréquemment.
Philippe était particulièrement célèbre, même parmi les saints, par ses dons
de prédire l’avenir et de lire dans les cœurs. Les exemples de ces dons qu’on
pourrait citer rempliraient plusieurs volumes. Il prédit la mort de certains ; il
prédit la guérison d’autres ; il prédit l’avenir d’autres encore ; il prédit la
naissance d’enfants à ceux qui étaient sans enfants ; il prédit plusieurs fois qui
serait le prochain pape avant son élection ; il avait le don de voir les choses à
distance ; et il savait ce qui se passait dans la tête de ses pénitents et d’autres
personnes qui l’entouraient.
Il savait si ses pénitents avaient dit leurs prières, et pendant combien de
temps ils avaient prié. Beaucoup d’entre eux, quand ils parlaient ensemble et
que la conversation allait prendre un tournant dangereux ou mauvais,
disaient : « Nous devons nous arrêter, car saint Philippe le saura. »
Une fois une femme vint en apparence se confesser à lui, alors qu’en réalité
elle voulait une aumône. Il lui dit : « Au nom de Dieu, Madame, allez-vous en ; il n’y a pas de pain pour vous » – et rien ne put le convaincre d’entendre sa
confession.
Un homme qui alla se confesser à lui n’ouvrit pas la bouche mais se mit à
trembler et, lorsque Philippe l’interrogea, dit : « J’ai honte », car il avait commis
un péché très grave. Philippe lui dit doucement : N’ayez pas peur, je vais vous
dire ce que c’était » – et au grand étonnement du pénitent, il le lui dit.
De tels exemples sont innombrables. Il n’y avait pas un seul ami intime de
Philippe qui n’affermait pas que celui-ci connaissait merveilleusement les
secrets du cœur.
Il avait un pouvoir presque aussi merveilleux de guérir et de rétablir la
santé. Il soulageait la douleur en touchant de la main et en faisant le signe de
la croix. Et de la même façon il guérissait instantanément ceux qui étaient
atteints de maladies ; à d’autres moments il le faisait par sa prière ; et à
d’autres moments encore il commandait aux maladies de quitter les personnes.
Ce don était si bien connu que les personnes malades s’emparèrent de ses
vêtements, de ses chaussures, de mèches de ses cheveux, et Dieu effectua des
guérisons à l’aide de ces objets.

Prière
Philippe, saint Patron de notre aumônerie, les blessures et maladies de mon âme sont
plus grandes que celles du corps, et même avec tes pouvoirs surnaturels tu ne peux les
guérir. Je sais que mon Seigneur tout-puissant garde en ses propres mains le pouvoir
de sauver l’âme de la mort et de guérir toutes ses maladies. Mais tu peux faire
davantage maintenant pour nos âmes, par tes prières, mon cher saint, que tu ne fis
pour les corps de ceux qui te sollicitèrent quand tu étais sur la terre. Prie pour moi,
afin que le Médecin divin de l’âme – Celui qui, seul, lit complètement dans mon cœur
– le purifie tout entier, et que moi-même et tous ceux qui me sont chers puissions être
purifiés de tous nos péchés. Et, puisque nous devons mourir, tout un chacun, fais que
nous mourrions, comme toi, dans la grâce et l’amour de Dieu, en ayant l’assurance,
comme toi, de la vie éternelle.

Neuvaine de St Philippe Neri – le souci du salut des âmes chez Philippe

Alors qu’il était jeune prêtre, et qu’il avait rassemblé autour de lui un
certain nombre de personnes spirituelles, son premier désir fut de partir avec
toutes celles-ci prêcher l’Évangile aux païens des Indes, là où saint François
Xavier poursuivait sa carrière merveilleuse – et il ne renonça à l’idée que par
obéissance aux hommes saints qu’il avait consultés.
Quant aux mauvais chrétiens de son pays, il avait un tel désir de leur
conversion que, même lorsqu’il était vieux, il s’imposa pour eux de sévères
mortifications, et pleurait leurs péchés comme s’ils avaient été les siens.
Alors même qu’il était laïc, il convertit par un seul sermon trente jeunes
débauchés.
Il réussit, par la grâce de Dieu, à ramener vers la voie de la sainteté un
nombre presque infini de pécheurs. Beaucoup, à l’heure de leur mort,
s’écrièrent : « Béni soit le jour où j’ai connu le père Philippe ! » D’autres
disaient : « Le père Philippe attire vers lui des âmes comme un aimant attire le
fer. »
En vue de réaliser ce qu’il croyait être sa mission particulière, il se consacra
entièrement au ministère de la confession, à l’exclusion de toute autre activité.
Le plus souvent, avant même le lever du soleil il avait confessé bon nombre de
pénitents dans sa propre chambre. Au lever du jour, il descendait dans l’église,
et ne la quittait jamais avant midi sauf pour dire la messe. Si aucun pénitent ne
se présentait, il restait près de son confessionnal à lire, à réciter l’office ou à
égrener son chapelet. S’il était en prière, ou à table, il s’interrompait tout de
suite de prier ou de manger quand ses pénitents se présentaient.
Il ne cessait jamais de confesser pour cause de maladie, sauf si le médecin
le lui interdisait.
Pour la même raison, il laissait toujours ouverte la porte de sa chambre,
pour que tous ceux qui passaient puissent le voir.
Il ressentait une anxiété particulière au sujet des garçons et des jeunes
hommes. Il tenait beaucoup à ce qu’ils fussent toujours occupés, car il savait
que l’oisiveté est la mère de tous les vices. Quelques fois il leur inventait lui-
même des travaux à effectuer, lorsqu’il n’en trouvait pas ailleurs.
Il leur permettait de faire autour de lui tout le bruit qu’ils voulaient, si cela
pouvait leur éviter de tomber en tentation. Lorsqu’un ami lui fit des
remontrances parce qu’il leur permettait de le gêner, il répondit : « Tant qu’ils
ne pèchent pas, ils peuvent fendre du bois sur mon dos. »Les pères dominicains lui permirent d’emmener leurs novices en
récréation. Il se réjouissait de les voir prendre leur repas de fête. Il disait :
« Mangez, mes enfants, ne vous gênez pas, car le fait même de vous regarder
manger me fait engraisser. » Puis, quand ils avaient fini de déjeuner, il les
faisait asseoir en cercle autour de lui, et leur prodiguait de bons conseils, et les
exhortait à la vertu.
Il avait un pouvoir remarquable pour consoler les malades, et les délivrer
des tentations dont le diable les assaillait.
Philippe joignait toujours, à son zèle pour la conversion des âmes, la
pratique d’actes de miséricorde corporels. Il visitait les malades dans les
hôpitaux, répondait à tous leurs besoins, balayait le sol autour de leur lit, et
leur apportait leurs repas.

Prière
Philippe, saint Patron de notre aumônerie, qui avais un tel souci des âmes de tes
frères, et surtout de tes disciples et de tes proches, quand tu était sur la terre, garde
intact ton souci pour elles maintenant que tu te trouves au ciel. Sois avec nous, qui
sommes tes enfants et tes obligés ; et, grâce à ton plus grand pouvoir auprès de Dieu et
de ta connaissance plus intime de nos besoins et des dangers qui nous guettent, guide-
nous sur le chemin qui conduit à Dieu et à toi. Sois pour nous un bon père ; fais que
nos prêtres soient sans tâche et sans reproche ; fais que nos enfants soient obéissants,
nos jeunes prudents et chastes, nos chefs de famille sages et doux, nos vieillards joyeux
et fervents ; et remplis-nous par tes intercessions puissantes, de foi, d’espérance, de
charité, et de toutes les vertus.

Neuvaine de St Philippe Neri – La patience

Philippe fut pendant de longues années l’objet des plaisanteries et des
moqueries de tous les parasites qui s’étaient rattachés aux grands palais de la
noblesse romaine, qui disaient de lui tout le mal qui leur venait à l’esprit, tout
simplement parce qu’ils n’aimaient pas voir un homme vertueux et
consciencieux.
Ces propos sarcastiques dirigés contre lui durèrent pendant des années et
des années ; si bien que Rome en était remplie, et dans toutes les boutiques et
tous les comptoirs, ceux qui vivaient dans l’oisiveté et dans le mal passaient
leur temps à tourner Philippe en ridicule.
Lorsqu’ils réussissaient à faire croire à quelque calomnie le touchant, lui ne
s’en offusquait pas, mais avec un calme imperturbable se contentait
simplement d’en sourire.
Une fois, le domestique d’un gentilhomme se mit à l’insulter avec une telle
insolence qu’une personne distinguée, qui fut témoin de l’injure, était sur le
point de porter la main contre le domestique ; mais, en voyant avec quelle
douceur et quelle bonne humeur Philippe réagissait, il se retint, et à partir de
ce jour tint Philippe pour un saint.
Quelque fois ses propres fils spirituels, et même ceux qui avaient envers lui
les plus grandes dettes de reconnaissance, le traitaient comme s’il était un
personnage grossier et sot ; mais lui n’en manifestait aucun ressentiment.
Une fois, lorsqu’il était Supérieur de la congrégation, un de ses sujets lui
arracha une lettre des mains ; mais le saint essuya l’affront avec une douceur
incomparable, et ni son regard, ni ses paroles, ni ses actions ne trahirent la
moindre émotion.
La patience lui était devenue tellement habituelle, qu’on ne le vit jamais en
colère. Il réprimait instantanément tout mouvement de ressentiment ; son
visage devenait tout de suite calme, et il retrouvait son sourire modeste
habituel.

Prière
Philippe, notre saint défenseur, qui supporta la persécution et la calomnie, la
douleur et la maladie, avec une patience si admirable, obtiens-nous la grâce d’une force
d’âme véritable parmi toutes les épreuves de cette vie. Hélas ! Combien grand est mon
besoin de patience ! Je recule devant la moindre incommodité ; la moindre affliction me
rend malade ; je m’emporte devant la moindre contradiction ; je m’inquiète et deviens
maussade lors de la moindre souffrance corporelle. Obtiens-moi la grâce d’accepter
avec une entière bonne volonté toutes les croix que je peux recevoir jour après jour de
mon Père céleste. Fais que je puisse t’imiter, comme toi tu imitais notre Seigneur et
Sauveur, afin que, comme tu es parvenu au ciel en supportant calmement les douleurs
du corps et de l’esprit, je puisse moi aussi obtenir le mérite de la patience et la
récompense de la vie éternelle.

Neuvaine de St Philippe Neri – La Joie

Philippe accueillait avec une bonté remarquable tous ceux qui venaient le
consulter, et recevait même des inconnus avec tant d’affection qu’on eût dit
qu’il les attendait depuis longtemps. Lorsqu’il convenait d’être joyeux, il était
joyeux ; mais il était tout aussi prompt à ressentir de la sympathie pour ceux
qui étaient en détresse.
Quelques fois il interrompait sa prière et descendait de sa chambre pour se
divertir et plaisanter avec des jeunes gens et, grâce à cette douceur et à cette
complaisance et à sa conversation faite de badinage, il gagnait leur âme.
Il ne supportait pas qu’on soit abattu ou soucieux, parce que la vie
spirituelle s’en trouve toujours blessée ; mais lorsqu’il voyait quelqu’un ayant
l’air sévère ou morne, il disait : « Soyez joyeux. » Il avait une affection
particulière pour les gens joyeux.
En même temps, il était l’adversaire résolu de toute forme de grossièreté
ou de pitrerie ; car un esprit bouffon non seulement ne fait aucun progrès en
matière de religion, mais détruit même tout sentiment religieux qui est déjà là.
Un jour il rétablit dans la bonne humeur le père Fransesco Bernardi, de la
congrégation, tout simplement en lui demandant de courir avec lui, disant :
« Viens donc, courons ensemble. »
Ses pénitents ressentaient une telle joie à se trouver dans sa chambre qu’ils
avaient l’habitude de dire : la chambre de Philippe n’est pas une chambre, mais
un paradis terrestre.
D’autres, du simple fait de se tenir à la porte de sa chambre, sans y entrer,
se sentirent libérés de tous leurs soucis. D’autres encore retrouvèrent leur
sérénité perdue simplement en contemplant son visage. Beaucoup trouvèrent
du réconfort en le voyant en rêve. En un mot, Philippe était une source
perpétuelle de rafraîchissement spirituel pour tous ceux qui étaient en proie à
la perplexité ou à la tristesse.
Personne ne vit jamais Philippe mélancolique ; ceux qui le rencontraient le
trouvaient toujours le visage gai et souriant, mais mêlé de gravité.
Lorsqu’il était souffrant, il consolait plus qu’il ne recevait de consolations.
On ne constata jamais un changement dans sa voix, comme c’est en général le
cas avec les grands malades, mais il parlait toujours de la même voix sonore
que quand il était en bonne santé. Une fois, alors que les médecins avaient
perdu tout espoir à son égard, il dit, avec le psalmiste : « Je suis prêt et je ne
suis pas troublé ». Il reçut quatre fois l’extrême onction, mais toujours avec le
même visage calme et joyeux.

Prière
Philippe, notre glorieux défenseur, qui suivis toujours les préceptes et l’exemple de
l’Apôtre saint Paul en te réjouissant en tout temps et en toutes choses, obtiens-nous la
grâce d’une résignation parfaite à la volonté de Dieu, d’une indifférence aux affaires de
ce monde, et d’un regard fixé constamment sur le ciel ; afin que nous ne soyons jamais
déçu devant les événements voulus par la Providence divine, jamais découragés,
jamais tristes, jamais chagrins ; afin que notre visage soit toujours ouvert et joyeux, et
que nos paroles soient douces et agréables, comme il convient à ceux qui, quelle que
soit leur condition, possèdent le plus grand de tous les biens, la grâce de Dieu et la perspective de la béatitude éternelle.

Neuvaine de St Philippe Neri – la compassion

Philippe ne supportait pas de voir souffrir ; et bien qu’il eût horreur des
richesses, il souhaitait toujours avoir de l’argent pour pouvoir faire l’aumône.
Il ne supportait de voir des enfants mal protégés contre le froid, et faisait
tout ce qui était en son pouvoir pour leur procurer des vêtements.
L’oppression et la souffrance des innocents le troublaient tout
particulièrement ; lorsqu’un gentilhomme romain fut accusé injustement
d’avoir provoqué la mort d’un homme et fut emprisonné, Philippe alla jusqu’à
plaider sa cause auprès du pape, et obtint sa libération.
Un prêtre fut accusé par des gens puissants, et risquait de souffrir en
conséquence. Philippe embrassa sa cause avec une telle ferveur qu’il établit
aux yeux du public son innocence.
Une autre fois, ayant entendu parler de quelques gitans qui avaient été
condamnés injustement aux travaux forcés, il alla voir le pape, et obtint leur
libération. Son amour de la justice était aussi grand que sa tendresse et sa
compassion.
Peu de temps après qu’il eut été fait prêtre, la ville de Rome connut une famine sévère, et on lui envoya en cadeau six pains. Sachant qu’il se trouvait
dans la même maison un pauvre étranger qui manquait de nourriture, il les lui
donna tous, et n’eut à manger ce jour-là que des olives.
Philippe éprouvait une compassion toute particulière pour les artisans, et
pour ceux qui avaient de la difficulté à vendre leurs marchandises. Il y avait
deux horlogers, des artisans habiles, mais âgés et ayant chacun une famille
nombreuse à nourrir. Il leur laissa une grosse commande de montres, et
s’arrangea pour vendre celles-ci à ses amis.
Son zèle et sa générosité se manifestaient tout spécialement envers de
pauvres filles. Il leur vint en aide quand elles étaient sans ressources. Il leur
procura une dot en vue du mariage ; à d’autres il donna une somme nécessaire
pour leur permettre d’entrer au couvent.
Il était d’une bonté particulière envers des prisonniers, à qui il envoya de
l’argent plusieurs fois par semaine.
Son affection pour ceux dont la pauvreté était pour eux-mêmes un sujet de
honte, ne connaissait pas de limite, et il leur faisait l’aumône avec plus de
générosité.
Les étudiants pauvres furent un autre objet particulier de sa compassion : il
leur procurait non seulement de la nourriture et des vêtements, mais aussi des livres pour leur permettre de poursuivre leurs études. Il vendit tous ses livres
pour venir en aide à l’un d’entre eux.
Tout acte de bonté à son égard suscitait une immense gratitude, si bien
qu’un de ses amis dit : « On ne pouvait faire un cadeau à Philippe sans en
recevoir un autre dont la valeur était le double. »
Il avait une grande compassion pour les animaux. Ayant vu quelqu’un de
son pied écraser un lézard, il s’écria : « espèce de brute ! Qu’est-ce que cette
pauvre bête vous a fait ? »
Ayant vu un boucher blesser d’un de ses couteaux un chien, il ne put pas
contenir sa peine, et eut beaucoup de mal à ne pas s’emporter.
Il ne supportait pas, sous quelque prétexte que ce fût, la moindre cruauté
faite à des animaux. Si un oiseau entrait dans une pièce, il faisait ouvrir la
fenêtre pour éviter qu’on l’attrape.

 

Prière.

Philippe, notre glorieux défenseur, apprends-nous à voir comme toi dans tout être
une créature de Dieu. Fais que je n’oublie jamais que le même Dieu qui m’a créé a créé
le monde entier, avec tous les hommes et toutes les bêtes qui s’y trouvent. Obtiens-
nous la grâce d’aimer toujours les œuvres de Dieu pour l’amour de Dieu, et tous les
hommes pour l’amour de mon Seigneur et Sauveur qui les a racheté par la Croix. Et
fait que je sois d’une tendresse et d’une compassion toute particulières envers tous les
chrétiens, qui sont mes frères dans la grâce. Et toi-même, qui sur terre était d’une
grande compassion pour tous, prends-nous spécialement en pitié et sois compatissant
envers nous, soutiens-nous dans toutes nos peines, et obtiens-nous de Dieu, avec qui
tu habite dans la lumière béatifique, tous les secours nécessaires pour nous conduire
sains et saufs vers Lui et vers toi.

Neuvaine de St Philippe Neri – la pureté

Philippe, connaissait bien le plaisir que Dieu prend à la pureté du
cœur, dès qu’il eut atteint l’âge de raison et eut acquis le pouvoir de
distinguer entre le bien et le mal, se mit à faire la guerre sans répit aux
pièges et aux suggestions de l’ennemi, jusqu’à ce qu’il eût obtenu la
victoire. Ainsi, tout en vivant dans le monde au temps de sa jeunesse
et tout en fréquentant toutes sortes de personnes, il garda intacte sa
virginité pendant ces années dangereuses de sa vie.
On n’entendit jamais sur ses lèvres aucune parole qui pût offenser
la pudeur la plus exigeante et, dans son habillement, dans son
maintien et sur son visage, il faisait preuve de la même belle vertu.
Un jour, alors qu’il était encore laïc, des personnes dissolues eurent
l’impudence de l’inciter à commettre le péché. Quand il vit qu’il lui
était impossible de prendre la fuite, il se mit à leur parler de la laideur
du péché et de la présence redoutable de Dieu. Il le fit dans un état de
détresse si évident, et avec un tel sérieux et une telle ferveur, que ses
paroles pénétrèrent leur cœur comme un glaive, et eurent pour effet
non seulement de les convaincre de renoncer à leur dessein hideux,
mais même de les remettre dans le bon chemin.
Une autre fois, quelques individus mal intentionnés, habitués à
penser que les autres leur ressemblent, trouvèrent un prétexte pour
l’inviter chez eux, persuadés qu’il n’était pas celui que le monde voyait
en lui. Et, s’étant emparés de lui, le soumirent à une grande ten tation.
Philippe, aux abois, trouvant les portes fermées à clé, se mit à genoux
et commença à prier Dieu avec une ferveur si étonnante et une
éloquence si céleste et sincère, que les deux pauvres créatures qui se
trouvaient dans la pièce avec lui n’osèrent pas lui adresser la parole, et
finirent par le laisser en paix et par lui trouver un moyen d’évasion.
Sa pureté virginale rayonnait sur son visage. Son regard était si
limpide et si lumineux, même dans les dernières années de sa vie,
qu’aucun peintre ne réussit jamais à l’exprimer ; et il n’était pas facile
à qui que ce fût de regarder Philippe pendant quelques temps,
tellement il vous éblouissait, comme l’aurait fait un Ange du Paradis.
Qui plus est, de son corps, même devenu vieux, émanait une odeur
suave. Celle-ci, même dans la décrépitude de sa vieillesse,
rafraîchissait ceux qui s’approchaient de lui ; et beaucoup disaient
qu’ils se sentaient envahis par sa dévotion grâce à la simple odeur de
ses mains.Quant au vice opposé, sa mauvaise odeur n’était pas, pour le saint,
une simple figure de rhétorique, mais une réalité, si bien qu’il pouvait
distinguer ceux dont l’âme en était noircie ; et il disait que cette odeur
était si horrible que rien au monde ne pouvait lui être comparé sauf le
Malin lui-même. Il disait parfois, avant même que ses pénitents ne
commencent leur confession : « Ô mon fils, je connais déjà tes
péchés. »
Beaucoup avouèrent que la simple imposition de ses mains sur leur
tête les délivra tout de suite de leurs tentations. La simple mention de
son nom avait le pouvoir de protéger contre Satan ceux qui étaient
visés par ses dards enflammés.
Il exhortait les hommes à ne jamais se fier à eux-mêmes, quelle
que fût l’expérience qu’ils pouvaient avoir d’eux-mêmes et quel que fût
le temps pendant le lequel ils étaient restés vertueux.
Il disait que l’humilité était la vraie sauvegarde de la chasteté ; et
que manquer de compassion pour quelqu’un d’autre à cet égard
présageait une chute rapide dans notre propre cas ; et qu’il considérait
comme déjà perdu un homme qui était porté à censurer autrui, et qui
était sûr de lui-même, et sans crainte.

Prière
Philippe, glorieux Patron de notre aumônerie, qui ne laissa jamais
souiller le lis blanc de ta pureté, et qui en pris un tel soin que la
majesté de cette belle vertu brillait sur ton visage, rayonnait dans tes
mains et parfumait ton haleine, obtiens-nous ce don de l’Esprit saint,
pour que ni les paroles ni l’exemple d’hommes pécheurs ne puissent
jamais faire la moindre impression sur notre âme. Et puisque c’est en
évitant les occasions de péché et l’oisiveté, et par la prière et le
recours fréquent aux sacrements, que notre ennemi tant redouté doit
être vaincu, obtiens-nous la grâce de persévérer dans ces observances
si nécessaires.

Neuvaine de St Philippe Néri – Prière

Dès son enfance, le serviteur de Dieu s’adonnait à la prière, jusqu’à
ce qu’il en eût acquis une telle habitude que, partout où il se trouvait,
son esprit s’élevait toujours vers les choses du ciel.
Quelquefois il oubliait de manger ; quelquefois, en s’habillant, il
s’arrêtait, sa pensée étant emportée vers le ciel ; ses yeux restaient
ouverts mais son esprit se détachait de tous les objets qui
l’entouraient.
Il était plus facile à Philippe de penser à Dieu, qu’aux hommes du
monde de penser au monde.
Si quelqu’un faisait irruption dans sa chambre, il avait toujours les
chances de le trouver tellement plongé dans la prière que, quand on lui
adressait la parole, il était incapable de répondre avec à -propos mais
devait faire une ou deux fois le tour de sa chambre avant de revenir
complètement à lui.
S’il cédait tant soit peu à son désir de prier, il s’abîmait tout de
suite dans la contemplation. Il était nécessaire de le distraire, de peur
que cette habitude ne finît par devenir préjudiciable à sa santé.
Avant de traiter une affaire, aussi peu importante fût -elle, il priait
toujours ; lorsqu’on lui posait une question, il ne répondait jamais
avant de s’être recueilli.
Il commençait à prier dès qu’il se mettait au lit et dès son réveil, et
le plus souvent il ne dormait pas plus de quatre heures, ou alors cinq
heures tout au plus.
Quelquefois, si quelqu’un laissait voir qu’il avait remarqué que
Philippe se couchait tard ou se levait tôt afin de prier, ce lui-ci
répondait : « Le paradis n’est pas fait pour les fainéants. »
Il s’adonnait encore plus que d’habitude à la prière à l’occasion des
fêtes les plus solennelles, ou à des moments où un besoin spirituel se
faisait sentir de manière pressante ; avant tout pendant la Semaine
Sainte.
Il conseillait à ceux qui ne pouvaient pas faire de longues
méditations d’élever leur esprit vers Dieu par des oraisons jaculatoires
répétées, telles que : « Jésus, augmente en moi la foi », « Jésus, fais
que jamais je ne T’offense ».
Il fit introduire la prière en famille dans bon nombre des grandes
maisons de Rome.
Comme une de ses pénitentes demandait à Philippe de lui apprendre à prier, ce dernier répondit : « Sois humble et obéissant, et
l’Esprit Saint t’enseignera. »
Il avait une dévotion particulière envers la Troisième personne de
la Sainte Trinité, et lui adressait quotidiennement les prières les plus
ferventes afin d’obtenir des dons et des grâces.
Une fois qu’il passait la nuit en prière dans les catacombes, ce
grand miracle eut lieu de la Présence divine de l’Esprit Saint, qui
descendit sur lui sous forme d’une boule de feu qui pénétra dans sa
bouche et se logea dans sa poitrine, et à partir de ce moment il souffrit
une palpitation surnaturelle du cœur.
Il disait que lorsque nos prières sont sur le point d’être exaucées,
nous ne devons pas arrêter mais continuer à prier avec autant de
ferveur qu’auparavant.
Il recommandait aux débutants de méditer surtout sur les fins
dernières, et avait l’habitude de dire que celui qui, par sa pensée et ses
craintes, ne descend pas aux enfers dans cette vie, court un grand
risque de s’y trouver après la mort.
Lorsqu’il voulait montrer la nécessité de la prière, il disait qu’un
homme qui ne prie pas est comme un animal dénué de raison.
Bon nombre de ses disciples firent de grands progrès dans cet
exercice – non seulement des religieux, mais des laïcs : des artisans,
des marchands, des médecins, des avocats, des courtisans – et
devinrent des hommes de prière à tel point qu’ils reçurent de Dieu des
grâces extraordinaires.

Prière
Philippe, saint Patron de notre aumônerie, enseigne-nous par ton
exemple, et obtiens-nous par tes intercessions de chercher en tous
temps et en tous lieux notre Seigneur et notre Dieu, et de vivre dans Sa
présence et en communion avec Lui. Comme les enfants de ce monde
lèvent leur regard vers des hommes riches ou puissants afin d’obtenir
la faveur qu’ils désirent, puissé-je toujours élever vers le ciel mes
yeux et mes mains et mon coeur, et me porter ver s la source de tout
Bien afin d’obtenir les biens qu’il me faut. Comme les enfants de ce
monde s’entretiennent avec leurs amis et y trouvent leur plaisir,
puissé-je entrer en communion toujours avec les saints et les anges, et
avec la Sainte Vierge, la Mère de mon Seigneur. Prie avec nous, ô
Philippe, comme tu priais avec tes pénitents ici -bas, et la prière nous
sera alors douce, comme elle l’était pour eux.

Neuvaine de St Philippe Neri – Dévotion

La flamme intérieure de la dévotion brûlait si intensément en Philippe, qu’il lui arrivait parfois de s’évanouir à cause d’elle, ou d’être obligé de se jeter sur son lit, malade de l’amour divin.
Dans sa jeunesse, cet amour divin se faisait parfois sentir avec tant de violence qu’il était incapable de se contenir, se jetant par terre comme s’il mourait et s’écriant : « Assez, Seigneur, assez. »
Ce que saint Paul dit de lui-même semble se réaliser en Philippe : « Je suis rempli de consolation – je déborde de joie. »
Pourtant, bien qu’il goûtât ces douceurs, il avait coutume de dire qu’il désirait servir Dieu, non par intérêt – c’est-à-dire qu’il y trouvait du plaisir – mais par pur amour, même s’il ne devait éprouver à L’aimer aucune gratification.
Lorsqu’il était laïc, il communiait tous les matins. Devenu vieux, il connut des extases fréquentes en célébrant sa messe.
C’est pour cette raison que la coutume s’est établie, dans les tableaux de Philippe, de le représenter portant des ornements rouges, afin de témoigner de son désir brûlant de verser son sang pour l’amour du Christ.
Il avait une si grande dévotion envers son Seigneur et Sauveur qu’il prononçait sans cesse le nom de Jésus, avec une douceur indicible. Il prenait aussi un plaisir extraordinaire à réciter le Credo, et il aimait à tel point le Notre Père qu’il s’attardait longuement sur chaque demande, de manière à faire croire qu’il ne parviendrait jamais jusqu’au bout.
Il avait une telle dévotion envers le Saint Sacrement que, lorsqu’il était malade, il était incapable de s’endormir avant d’avoir communié.
Lorsqu’il lisait ou méditait sur la Passion, on vit son visage blêmir, et ses yeux se remplissaient de larmes.
Une fois, quand il était malade, on lui apporta à boire. Il prit dans sa main le verre, et au moment de le porter à ses lèvres s’arrêta, et commença à pleurer amèrement. Il s’écria : « Toi, mon Christ, sur la croix Tu as eu soif, et on ne t’a rien donné à boire sauf du fiel et du vinaigre ; et moi je suis au lit, entouré de tant de réconforts, et de tant de personnes qui s’occupent de moi. »
Pourtant Philippe ne faisait pas grand cas de cette chaleur et de cette intensité d’émotion ; car il disait que l’émotion n’est pas la dévotion, que les larmes n’étaient en aucune façon le signe qu’un homme ait reçu en lui la grâce de Dieu, et que nous ne devons pas non plus supposer qu’un homme soit saint tout simplement parce qu’il verse des larmes en parlant de la religion.
La Sainte Vierge suscitait chez Philippe une telle dévotion que son nom était sans cesse sur ses lèvres. Il prononçait deux formules de prière en son honneur. L’une était : « Vierge Marie, Mère de Dieu, priez Jésus pour moi » ; l’autre était tout simplement « Vierge Mère », car il disait que dans ces deux mots-là sont contenues toutes les louanges possibles à Marie.
Il avait une dévotion toute particulière aussi envers sainte Marie-Madeleine, étant né la veille de sa fête, et envers les Apôtres saint Jacques et saint Philippe ; également envers saint Paul Apôtre, envers saint Thomas d’Aquin, docteur de l’Église.

Prière

Philippe, glorieux saint Patron de notre aumônerie, obtiens-nous une part de ce don que tu as reçu si abondamment. Hélas ! Ton cœur brûlait d’amour ; le mien est tout froid à l’égard de Dieu, et ne vit que pour des créatures. J’aime le monde qui ne peut jamais me rendre heureux ; mon désir le plus fort est de vivre en confort ici-bas. Ô mon Dieu, quand est-ce que j’apprendrai à n’aimer rien d’autre que Toi ? Obtiens-nous, ô Philippe, un amour pur, un amour fort, et un amour efficace, afin que, en aimant Dieu sur la terre, nous puissions ensuite, avec toi et tous les saints, jouir de Sa vision au Ciel.