Philippe fut pendant de longues années l’objet des plaisanteries et des
moqueries de tous les parasites qui s’étaient rattachés aux grands palais de la
noblesse romaine, qui disaient de lui tout le mal qui leur venait à l’esprit, tout
simplement parce qu’ils n’aimaient pas voir un homme vertueux et
consciencieux.
Ces propos sarcastiques dirigés contre lui durèrent pendant des années et
des années ; si bien que Rome en était remplie, et dans toutes les boutiques et
tous les comptoirs, ceux qui vivaient dans l’oisiveté et dans le mal passaient
leur temps à tourner Philippe en ridicule.
Lorsqu’ils réussissaient à faire croire à quelque calomnie le touchant, lui ne
s’en offusquait pas, mais avec un calme imperturbable se contentait
simplement d’en sourire.
Une fois, le domestique d’un gentilhomme se mit à l’insulter avec une telle
insolence qu’une personne distinguée, qui fut témoin de l’injure, était sur le
point de porter la main contre le domestique ; mais, en voyant avec quelle
douceur et quelle bonne humeur Philippe réagissait, il se retint, et à partir de
ce jour tint Philippe pour un saint.
Quelque fois ses propres fils spirituels, et même ceux qui avaient envers lui
les plus grandes dettes de reconnaissance, le traitaient comme s’il était un
personnage grossier et sot ; mais lui n’en manifestait aucun ressentiment.
Une fois, lorsqu’il était Supérieur de la congrégation, un de ses sujets lui
arracha une lettre des mains ; mais le saint essuya l’affront avec une douceur
incomparable, et ni son regard, ni ses paroles, ni ses actions ne trahirent la
moindre émotion.
La patience lui était devenue tellement habituelle, qu’on ne le vit jamais en
colère. Il réprimait instantanément tout mouvement de ressentiment ; son
visage devenait tout de suite calme, et il retrouvait son sourire modeste
habituel.
Prière
Philippe, notre saint défenseur, qui supporta la persécution et la calomnie, la
douleur et la maladie, avec une patience si admirable, obtiens-nous la grâce d’une force
d’âme véritable parmi toutes les épreuves de cette vie. Hélas ! Combien grand est mon
besoin de patience ! Je recule devant la moindre incommodité ; la moindre affliction me
rend malade ; je m’emporte devant la moindre contradiction ; je m’inquiète et deviens
maussade lors de la moindre souffrance corporelle. Obtiens-moi la grâce d’accepter
avec une entière bonne volonté toutes les croix que je peux recevoir jour après jour de
mon Père céleste. Fais que je puisse t’imiter, comme toi tu imitais notre Seigneur et
Sauveur, afin que, comme tu es parvenu au ciel en supportant calmement les douleurs
du corps et de l’esprit, je puisse moi aussi obtenir le mérite de la patience et la
récompense de la vie éternelle.