Philippe accueillait avec une bonté remarquable tous ceux qui venaient le
consulter, et recevait même des inconnus avec tant d’affection qu’on eût dit
qu’il les attendait depuis longtemps. Lorsqu’il convenait d’être joyeux, il était
joyeux ; mais il était tout aussi prompt à ressentir de la sympathie pour ceux
qui étaient en détresse.
Quelques fois il interrompait sa prière et descendait de sa chambre pour se
divertir et plaisanter avec des jeunes gens et, grâce à cette douceur et à cette
complaisance et à sa conversation faite de badinage, il gagnait leur âme.
Il ne supportait pas qu’on soit abattu ou soucieux, parce que la vie
spirituelle s’en trouve toujours blessée ; mais lorsqu’il voyait quelqu’un ayant
l’air sévère ou morne, il disait : « Soyez joyeux. » Il avait une affection
particulière pour les gens joyeux.
En même temps, il était l’adversaire résolu de toute forme de grossièreté
ou de pitrerie ; car un esprit bouffon non seulement ne fait aucun progrès en
matière de religion, mais détruit même tout sentiment religieux qui est déjà là.
Un jour il rétablit dans la bonne humeur le père Fransesco Bernardi, de la
congrégation, tout simplement en lui demandant de courir avec lui, disant :
« Viens donc, courons ensemble. »
Ses pénitents ressentaient une telle joie à se trouver dans sa chambre qu’ils
avaient l’habitude de dire : la chambre de Philippe n’est pas une chambre, mais
un paradis terrestre.
D’autres, du simple fait de se tenir à la porte de sa chambre, sans y entrer,
se sentirent libérés de tous leurs soucis. D’autres encore retrouvèrent leur
sérénité perdue simplement en contemplant son visage. Beaucoup trouvèrent
du réconfort en le voyant en rêve. En un mot, Philippe était une source
perpétuelle de rafraîchissement spirituel pour tous ceux qui étaient en proie à
la perplexité ou à la tristesse.
Personne ne vit jamais Philippe mélancolique ; ceux qui le rencontraient le
trouvaient toujours le visage gai et souriant, mais mêlé de gravité.
Lorsqu’il était souffrant, il consolait plus qu’il ne recevait de consolations.
On ne constata jamais un changement dans sa voix, comme c’est en général le
cas avec les grands malades, mais il parlait toujours de la même voix sonore
que quand il était en bonne santé. Une fois, alors que les médecins avaient
perdu tout espoir à son égard, il dit, avec le psalmiste : « Je suis prêt et je ne
suis pas troublé ». Il reçut quatre fois l’extrême onction, mais toujours avec le
même visage calme et joyeux.
Prière
Philippe, notre glorieux défenseur, qui suivis toujours les préceptes et l’exemple de
l’Apôtre saint Paul en te réjouissant en tout temps et en toutes choses, obtiens-nous la
grâce d’une résignation parfaite à la volonté de Dieu, d’une indifférence aux affaires de
ce monde, et d’un regard fixé constamment sur le ciel ; afin que nous ne soyons jamais
déçu devant les événements voulus par la Providence divine, jamais découragés,
jamais tristes, jamais chagrins ; afin que notre visage soit toujours ouvert et joyeux, et
que nos paroles soient douces et agréables, comme il convient à ceux qui, quelle que
soit leur condition, possèdent le plus grand de tous les biens, la grâce de Dieu et la perspective de la béatitude éternelle.