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Prière des évêques de France au Sacré-Coeur le 8 juin 2020

Seigneur Jésus,

notre lumière, notre force, notre paix, notre joie,

après ces mois d’épreuve sanitaire,

en communion avec tous nos frères et sœurs dans la foi,

nous nous confions à toi.

Nous te confions ceux qui sont morts et ceux qu’ils laissent dans le chagrin.

Nous venons aussi te rendre grâce et te confier notre pays.

Sois béni

d’avoir été à nos côtés alors que nous traversions l’épreuve de la pandémie,

comme tu nous as protégés en bien d’autres circonstances de notre histoire.

Sois béni

pour la prière que ton Esprit a maintenue vivante

alors que ceux qui croient en toi ne pouvaient se rassembler pour te célébrer.

Sois béni

pour les multiples gestes fraternels à l’égard des plus démunis

et pour le dévouement des soignants

et de tous ceux qui, dans la discrétion, ont permis notre vie quotidienne.

Sois béni

pour l’accompagnement des malades et le soutien aux familles éprouvées.

Sois béni

pour l’engagement de ceux qui doivent veiller

sur toutes les composantes de notre communauté nationale.

Nous t’en prions,

accorde maintenant à tous la grâce du discernement et de la détermination

pour mettre en œuvre les conversions nécessaires

et faire face aux difficultés économiques, aux défis et aux opportunités de la période à venir.

À chacun des membres de ton Église,

accorde d’être attentif à tous et d’annoncer ton Évangile.

Seigneur Jésus,

remplis-nous de l’amour qui jaillit de ton Cœur transpercé,

libère-nous de toute peur,

fais de nous des témoins de l’espérance dont tu nous rends capables,

jusqu’au jour où tu nous accueilleras dans la Cité céleste. AMEN.

Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe des étudiants 2017

Mercredi 15 novembre 2017 – Notre-Dame de Paris

Le Samaritain guéri qui, seul parmi dix guéris eux-aussi, vient rendre grâce, est l’image de
tous ceux qui reconnaissent ce que Dieu fait pour les hommes. La participation à l’eucharistie est une réponse à une invitation de la part de Dieu. Nous sommes tous appelés à reconnaître l’action de Dieu dans nos vies et à évaluer comment elle nous transforme. Le prochain synode des évêques réfléchira sur le thème de l’appel de Dieu adressé aux jeunes qui sont invités à y répondre à travers leurs diverses vocations pour renouveler le monde.

-> Sg 6,1-11 ; Ps 81 3-4.6- 7 ; Lc 17, 11-19

Frères et Sœurs, Il y a des jours où l’on peut être tenté de s’identifier aux Samaritains quand les Samaritains ont le beau rôle ! Comme vous venez de l’entendre dans ce passage de l’évangile de saint Luc, ce Samaritain guéri fait partie des dix pour cent qui reconnaissent qui a opéré la guérison ! Les neuf autres ont aussi été guéris, mais cependant qu’ils allaient faire constater leur guérison selon les préceptes de la Loi auprès du prêtre, ils ont été tellement préoccupés de mener à bien leurs tractations qu’ils ont fini par oublier qui les avait guéri. Il n’y a que ce seul Samaritain, c’est-à- dire cet étranger et cet hérétique par rapport au peuple Juif, qui reconnaît que c’est la parole de Jésus qui l’a guéri et qui revient lui rendre grâce. Alors, j’espère que ce soir, nous qui sommes réunis pour cette eucharistie, nous sommes le dixième de tous ceux qui ont été guéris, que nous sommes le bon dixième, c’est-à- dire le Samaritain, et que nous revenons vers le Christ pour lui rendre grâce de ce qu’il a fait pour nous.

Peut-être certaines ou certains d’entre vous ne sont-ils pas encore tout à fait convaincus qu’ils sont Samaritains à cent pour cent, ils ont alors encore de la marge pour endosser
complètement le rôle du Samaritain ! Mais tous, vous savez que si vous êtes entrés ce soir
dans cette cathédrale, ce n’est pas par un effet d’instinct grégaire ou par simple curiosité, ou par amour des belles pierres, c’est parce que vous étiez invités, c’est-à- dire appelés pour célébrer ensemble le Christ qui donne sens à notre vie, célébrer sa puissance qui vient toucher les plaies des hommes et des femmes pour les remettre debout, pour les délivrer de ce qui les exclut de la communion, pour les conduire avec amour et tendresse vers les pâturages que le Père a préparés pour nous. Nous sommes ces pauvres pécheurs, et c’est sur nous que le regard du Christ s’est posé, c’est à nous que sa parole est adressée, c’est pour nous qu’il a mis en œuvre sa puissance.

Cette année, notre célébration est colorée d’une façon particulière par la perspective de la
session du synode des évêques qui se tiendra à Rome à l’automne prochain et dont le pape
François a souhaité qu’elle soit ardemment préparée par ceux qui en seront les heureux
bénéficiaires, si je puis dire, c’est-à- dire la jeunesse du monde. C’est pour préparer cette
rencontre des évêques du monde entier que vous êtes sollicités afin d’exprimer, non pas
simplement vos idées personnelles – qui peuvent toujours être intéressantes -, mais plus
profondément comment vous reconnaissez que le Christ est quelqu’un dans votre vie, et
comment cette présence du Christ dans votre vie transforme votre manière de vivre, votre
manière de comprendre le monde, votre désir de le transformer. Comment cette présence
mystérieuse du Christ – mystérieuse parce qu’invisible, mais certaine, parce qu’il nous l’a dit « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20), parce qu’il l’a mise en œuvre par l’envoi de son Esprit Saint, parce qu’il nous la rappelle régulièrement par la lecture et la méditation de sa Parole -, met-elle en œuvre dans chacune de nos existences une espérance et un facteur de nouveauté ? L’espérance, c’est la certitude que notre avenir,
l’avenir de chacune et de chacun d’entre vous, mais à travers vous, l’avenir de notre
humanité, n’est pas voué à la mort et à la destruction mais au contraire à la vie. L’espérance, c’est la certitude que malgré les difficultés que nous pouvons rencontrer au cours de notre existence, malgré les limites que nous éprouvons, malgré parfois les fautes que nous commettons, nous sommes appelés à une vie de lumière et de paix.

Cette session des évêques autour du pape François porte sur la jeunesse, et sur l’expérience des vocations, c’est-à- dire des appels qui sont adressés à cette jeunesse pour transformer le monde. Ces appels, ces vocations, se réalisent à travers des formes différentes mais elles ont toutes un point commun, c’est un regard que Dieu porte sur nous, c’est une parole qu’il adresse à notre cœur, c’est une orientation qu’il donne à notre vie pour qu’elle ne soit pas inutile.

Chacune et chacun d’entre vous est appelé à contribuer au renouvellement de ce monde.
Chacune et chacun d’entre vous est appelé à structurer son existence autour d’un dynamisme unique qui est le dynamisme de l’amour répandu en nos cœurs par la foi. Les uns vivront ce don d’eux-mêmes à travers des activités de tout genre, en fondant des familles, en accueillant des enfants, en les aidant à grandir. D’autres sont appelés à se donner tout entier pour la mission de l’Église comme consacrés, prêtres, religieux, religieuses. Tous, nous sommes invités au même chantier et nous sommes invités à la même table.

Que le Seigneur permette à chacune et à chacun d’entre vous d’entendre son appel, l’appel de Dieu pour lui ou pour elle. Qu’il permette à chacune et à chacun d’entre vous, à mesure qu’il avance dans ses études, de mieux discerner à quoi sa vie va être engagée, comment sa vie va pouvoir servir ses frères, comment l’amour va transformer son existence. Que le Seigneur vous donne de traverser cette période de discernement et de décision avec confiance dans la paix et dans la joie. Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

Neuvaine de St Philippe Neri – les dons miraculeux de St Philippe

Les grands et solides vertus de Philippe furent couronnées et ornées par la
Majesté divine de faveurs diverses et extraordinaires, qu’il cherchait par tous
les moyens, mais en vain, à cacher.
Ce fut le bon plaisir de Dieu de lui permettre de pénétrer Ses mystères
ineffables et de connaître Ses voies merveilleuses par le moyen d’extases, de
ravissements et de visions, qui se produisirent fréquemment pendant toute la
durée de sa vie.
Un ami, qui se rendait un matin chez lui pour se confesser, en ouvrant
doucement la porte de sa chambre vit le saint en train de prier, debout, les
yeux levés au ciel, les mains étendues. Il resta là quelques temps à le regarder
puis, en s’approchant, lui parla – mais le saint resta totalement inconscient de
sa présence. Cet état d’absence continua encore huit minutes environ ; puis
Philippe revint à lui.
Il eut la consolation d’avoir la vision de beaucoup d’âmes, surtout celles de
ses amis et pénitents, aller au ciel. En effet, ceux qui le connaissaient
intimement tenaient pour certain qu’aucun de ses fils spirituels ne mourut
sans que Philippe fut rassuré sur l’état de son âme.
Philippe, à la fois par sa sainteté et par son expérience, était capable de
distinguer entre les vraies et les fausses visions. Il mettait sérieusement en
garde les hommes contre le danger de l’illusion, qui survient facilement et
fréquemment.
Philippe était particulièrement célèbre, même parmi les saints, par ses dons
de prédire l’avenir et de lire dans les cœurs. Les exemples de ces dons qu’on
pourrait citer rempliraient plusieurs volumes. Il prédit la mort de certains ; il
prédit la guérison d’autres ; il prédit l’avenir d’autres encore ; il prédit la
naissance d’enfants à ceux qui étaient sans enfants ; il prédit plusieurs fois qui
serait le prochain pape avant son élection ; il avait le don de voir les choses à
distance ; et il savait ce qui se passait dans la tête de ses pénitents et d’autres
personnes qui l’entouraient.
Il savait si ses pénitents avaient dit leurs prières, et pendant combien de
temps ils avaient prié. Beaucoup d’entre eux, quand ils parlaient ensemble et
que la conversation allait prendre un tournant dangereux ou mauvais,
disaient : « Nous devons nous arrêter, car saint Philippe le saura. »
Une fois une femme vint en apparence se confesser à lui, alors qu’en réalité
elle voulait une aumône. Il lui dit : « Au nom de Dieu, Madame, allez-vous en ; il n’y a pas de pain pour vous » – et rien ne put le convaincre d’entendre sa
confession.
Un homme qui alla se confesser à lui n’ouvrit pas la bouche mais se mit à
trembler et, lorsque Philippe l’interrogea, dit : « J’ai honte », car il avait commis
un péché très grave. Philippe lui dit doucement : N’ayez pas peur, je vais vous
dire ce que c’était » – et au grand étonnement du pénitent, il le lui dit.
De tels exemples sont innombrables. Il n’y avait pas un seul ami intime de
Philippe qui n’affermait pas que celui-ci connaissait merveilleusement les
secrets du cœur.
Il avait un pouvoir presque aussi merveilleux de guérir et de rétablir la
santé. Il soulageait la douleur en touchant de la main et en faisant le signe de
la croix. Et de la même façon il guérissait instantanément ceux qui étaient
atteints de maladies ; à d’autres moments il le faisait par sa prière ; et à
d’autres moments encore il commandait aux maladies de quitter les personnes.
Ce don était si bien connu que les personnes malades s’emparèrent de ses
vêtements, de ses chaussures, de mèches de ses cheveux, et Dieu effectua des
guérisons à l’aide de ces objets.

Prière
Philippe, saint Patron de notre aumônerie, les blessures et maladies de mon âme sont
plus grandes que celles du corps, et même avec tes pouvoirs surnaturels tu ne peux les
guérir. Je sais que mon Seigneur tout-puissant garde en ses propres mains le pouvoir
de sauver l’âme de la mort et de guérir toutes ses maladies. Mais tu peux faire
davantage maintenant pour nos âmes, par tes prières, mon cher saint, que tu ne fis
pour les corps de ceux qui te sollicitèrent quand tu étais sur la terre. Prie pour moi,
afin que le Médecin divin de l’âme – Celui qui, seul, lit complètement dans mon cœur
– le purifie tout entier, et que moi-même et tous ceux qui me sont chers puissions être
purifiés de tous nos péchés. Et, puisque nous devons mourir, tout un chacun, fais que
nous mourrions, comme toi, dans la grâce et l’amour de Dieu, en ayant l’assurance,
comme toi, de la vie éternelle.

Neuvaine de St Philippe Neri – le souci du salut des âmes chez Philippe

Alors qu’il était jeune prêtre, et qu’il avait rassemblé autour de lui un
certain nombre de personnes spirituelles, son premier désir fut de partir avec
toutes celles-ci prêcher l’Évangile aux païens des Indes, là où saint François
Xavier poursuivait sa carrière merveilleuse – et il ne renonça à l’idée que par
obéissance aux hommes saints qu’il avait consultés.
Quant aux mauvais chrétiens de son pays, il avait un tel désir de leur
conversion que, même lorsqu’il était vieux, il s’imposa pour eux de sévères
mortifications, et pleurait leurs péchés comme s’ils avaient été les siens.
Alors même qu’il était laïc, il convertit par un seul sermon trente jeunes
débauchés.
Il réussit, par la grâce de Dieu, à ramener vers la voie de la sainteté un
nombre presque infini de pécheurs. Beaucoup, à l’heure de leur mort,
s’écrièrent : « Béni soit le jour où j’ai connu le père Philippe ! » D’autres
disaient : « Le père Philippe attire vers lui des âmes comme un aimant attire le
fer. »
En vue de réaliser ce qu’il croyait être sa mission particulière, il se consacra
entièrement au ministère de la confession, à l’exclusion de toute autre activité.
Le plus souvent, avant même le lever du soleil il avait confessé bon nombre de
pénitents dans sa propre chambre. Au lever du jour, il descendait dans l’église,
et ne la quittait jamais avant midi sauf pour dire la messe. Si aucun pénitent ne
se présentait, il restait près de son confessionnal à lire, à réciter l’office ou à
égrener son chapelet. S’il était en prière, ou à table, il s’interrompait tout de
suite de prier ou de manger quand ses pénitents se présentaient.
Il ne cessait jamais de confesser pour cause de maladie, sauf si le médecin
le lui interdisait.
Pour la même raison, il laissait toujours ouverte la porte de sa chambre,
pour que tous ceux qui passaient puissent le voir.
Il ressentait une anxiété particulière au sujet des garçons et des jeunes
hommes. Il tenait beaucoup à ce qu’ils fussent toujours occupés, car il savait
que l’oisiveté est la mère de tous les vices. Quelques fois il leur inventait lui-
même des travaux à effectuer, lorsqu’il n’en trouvait pas ailleurs.
Il leur permettait de faire autour de lui tout le bruit qu’ils voulaient, si cela
pouvait leur éviter de tomber en tentation. Lorsqu’un ami lui fit des
remontrances parce qu’il leur permettait de le gêner, il répondit : « Tant qu’ils
ne pèchent pas, ils peuvent fendre du bois sur mon dos. »Les pères dominicains lui permirent d’emmener leurs novices en
récréation. Il se réjouissait de les voir prendre leur repas de fête. Il disait :
« Mangez, mes enfants, ne vous gênez pas, car le fait même de vous regarder
manger me fait engraisser. » Puis, quand ils avaient fini de déjeuner, il les
faisait asseoir en cercle autour de lui, et leur prodiguait de bons conseils, et les
exhortait à la vertu.
Il avait un pouvoir remarquable pour consoler les malades, et les délivrer
des tentations dont le diable les assaillait.
Philippe joignait toujours, à son zèle pour la conversion des âmes, la
pratique d’actes de miséricorde corporels. Il visitait les malades dans les
hôpitaux, répondait à tous leurs besoins, balayait le sol autour de leur lit, et
leur apportait leurs repas.

Prière
Philippe, saint Patron de notre aumônerie, qui avais un tel souci des âmes de tes
frères, et surtout de tes disciples et de tes proches, quand tu était sur la terre, garde
intact ton souci pour elles maintenant que tu te trouves au ciel. Sois avec nous, qui
sommes tes enfants et tes obligés ; et, grâce à ton plus grand pouvoir auprès de Dieu et
de ta connaissance plus intime de nos besoins et des dangers qui nous guettent, guide-
nous sur le chemin qui conduit à Dieu et à toi. Sois pour nous un bon père ; fais que
nos prêtres soient sans tâche et sans reproche ; fais que nos enfants soient obéissants,
nos jeunes prudents et chastes, nos chefs de famille sages et doux, nos vieillards joyeux
et fervents ; et remplis-nous par tes intercessions puissantes, de foi, d’espérance, de
charité, et de toutes les vertus.

Neuvaine de St Philippe Neri – La patience

Philippe fut pendant de longues années l’objet des plaisanteries et des
moqueries de tous les parasites qui s’étaient rattachés aux grands palais de la
noblesse romaine, qui disaient de lui tout le mal qui leur venait à l’esprit, tout
simplement parce qu’ils n’aimaient pas voir un homme vertueux et
consciencieux.
Ces propos sarcastiques dirigés contre lui durèrent pendant des années et
des années ; si bien que Rome en était remplie, et dans toutes les boutiques et
tous les comptoirs, ceux qui vivaient dans l’oisiveté et dans le mal passaient
leur temps à tourner Philippe en ridicule.
Lorsqu’ils réussissaient à faire croire à quelque calomnie le touchant, lui ne
s’en offusquait pas, mais avec un calme imperturbable se contentait
simplement d’en sourire.
Une fois, le domestique d’un gentilhomme se mit à l’insulter avec une telle
insolence qu’une personne distinguée, qui fut témoin de l’injure, était sur le
point de porter la main contre le domestique ; mais, en voyant avec quelle
douceur et quelle bonne humeur Philippe réagissait, il se retint, et à partir de
ce jour tint Philippe pour un saint.
Quelque fois ses propres fils spirituels, et même ceux qui avaient envers lui
les plus grandes dettes de reconnaissance, le traitaient comme s’il était un
personnage grossier et sot ; mais lui n’en manifestait aucun ressentiment.
Une fois, lorsqu’il était Supérieur de la congrégation, un de ses sujets lui
arracha une lettre des mains ; mais le saint essuya l’affront avec une douceur
incomparable, et ni son regard, ni ses paroles, ni ses actions ne trahirent la
moindre émotion.
La patience lui était devenue tellement habituelle, qu’on ne le vit jamais en
colère. Il réprimait instantanément tout mouvement de ressentiment ; son
visage devenait tout de suite calme, et il retrouvait son sourire modeste
habituel.

Prière
Philippe, notre saint défenseur, qui supporta la persécution et la calomnie, la
douleur et la maladie, avec une patience si admirable, obtiens-nous la grâce d’une force
d’âme véritable parmi toutes les épreuves de cette vie. Hélas ! Combien grand est mon
besoin de patience ! Je recule devant la moindre incommodité ; la moindre affliction me
rend malade ; je m’emporte devant la moindre contradiction ; je m’inquiète et deviens
maussade lors de la moindre souffrance corporelle. Obtiens-moi la grâce d’accepter
avec une entière bonne volonté toutes les croix que je peux recevoir jour après jour de
mon Père céleste. Fais que je puisse t’imiter, comme toi tu imitais notre Seigneur et
Sauveur, afin que, comme tu es parvenu au ciel en supportant calmement les douleurs
du corps et de l’esprit, je puisse moi aussi obtenir le mérite de la patience et la
récompense de la vie éternelle.

Neuvaine de St Philippe Neri – La Joie

Philippe accueillait avec une bonté remarquable tous ceux qui venaient le
consulter, et recevait même des inconnus avec tant d’affection qu’on eût dit
qu’il les attendait depuis longtemps. Lorsqu’il convenait d’être joyeux, il était
joyeux ; mais il était tout aussi prompt à ressentir de la sympathie pour ceux
qui étaient en détresse.
Quelques fois il interrompait sa prière et descendait de sa chambre pour se
divertir et plaisanter avec des jeunes gens et, grâce à cette douceur et à cette
complaisance et à sa conversation faite de badinage, il gagnait leur âme.
Il ne supportait pas qu’on soit abattu ou soucieux, parce que la vie
spirituelle s’en trouve toujours blessée ; mais lorsqu’il voyait quelqu’un ayant
l’air sévère ou morne, il disait : « Soyez joyeux. » Il avait une affection
particulière pour les gens joyeux.
En même temps, il était l’adversaire résolu de toute forme de grossièreté
ou de pitrerie ; car un esprit bouffon non seulement ne fait aucun progrès en
matière de religion, mais détruit même tout sentiment religieux qui est déjà là.
Un jour il rétablit dans la bonne humeur le père Fransesco Bernardi, de la
congrégation, tout simplement en lui demandant de courir avec lui, disant :
« Viens donc, courons ensemble. »
Ses pénitents ressentaient une telle joie à se trouver dans sa chambre qu’ils
avaient l’habitude de dire : la chambre de Philippe n’est pas une chambre, mais
un paradis terrestre.
D’autres, du simple fait de se tenir à la porte de sa chambre, sans y entrer,
se sentirent libérés de tous leurs soucis. D’autres encore retrouvèrent leur
sérénité perdue simplement en contemplant son visage. Beaucoup trouvèrent
du réconfort en le voyant en rêve. En un mot, Philippe était une source
perpétuelle de rafraîchissement spirituel pour tous ceux qui étaient en proie à
la perplexité ou à la tristesse.
Personne ne vit jamais Philippe mélancolique ; ceux qui le rencontraient le
trouvaient toujours le visage gai et souriant, mais mêlé de gravité.
Lorsqu’il était souffrant, il consolait plus qu’il ne recevait de consolations.
On ne constata jamais un changement dans sa voix, comme c’est en général le
cas avec les grands malades, mais il parlait toujours de la même voix sonore
que quand il était en bonne santé. Une fois, alors que les médecins avaient
perdu tout espoir à son égard, il dit, avec le psalmiste : « Je suis prêt et je ne
suis pas troublé ». Il reçut quatre fois l’extrême onction, mais toujours avec le
même visage calme et joyeux.

Prière
Philippe, notre glorieux défenseur, qui suivis toujours les préceptes et l’exemple de
l’Apôtre saint Paul en te réjouissant en tout temps et en toutes choses, obtiens-nous la
grâce d’une résignation parfaite à la volonté de Dieu, d’une indifférence aux affaires de
ce monde, et d’un regard fixé constamment sur le ciel ; afin que nous ne soyons jamais
déçu devant les événements voulus par la Providence divine, jamais découragés,
jamais tristes, jamais chagrins ; afin que notre visage soit toujours ouvert et joyeux, et
que nos paroles soient douces et agréables, comme il convient à ceux qui, quelle que
soit leur condition, possèdent le plus grand de tous les biens, la grâce de Dieu et la perspective de la béatitude éternelle.