Les grands et solides vertus de Philippe furent couronnées et ornées par la
Majesté divine de faveurs diverses et extraordinaires, qu’il cherchait par tous
les moyens, mais en vain, à cacher.
Ce fut le bon plaisir de Dieu de lui permettre de pénétrer Ses mystères
ineffables et de connaître Ses voies merveilleuses par le moyen d’extases, de
ravissements et de visions, qui se produisirent fréquemment pendant toute la
durée de sa vie.
Un ami, qui se rendait un matin chez lui pour se confesser, en ouvrant
doucement la porte de sa chambre vit le saint en train de prier, debout, les
yeux levés au ciel, les mains étendues. Il resta là quelques temps à le regarder
puis, en s’approchant, lui parla – mais le saint resta totalement inconscient de
sa présence. Cet état d’absence continua encore huit minutes environ ; puis
Philippe revint à lui.
Il eut la consolation d’avoir la vision de beaucoup d’âmes, surtout celles de
ses amis et pénitents, aller au ciel. En effet, ceux qui le connaissaient
intimement tenaient pour certain qu’aucun de ses fils spirituels ne mourut
sans que Philippe fut rassuré sur l’état de son âme.
Philippe, à la fois par sa sainteté et par son expérience, était capable de
distinguer entre les vraies et les fausses visions. Il mettait sérieusement en
garde les hommes contre le danger de l’illusion, qui survient facilement et
fréquemment.
Philippe était particulièrement célèbre, même parmi les saints, par ses dons
de prédire l’avenir et de lire dans les cœurs. Les exemples de ces dons qu’on
pourrait citer rempliraient plusieurs volumes. Il prédit la mort de certains ; il
prédit la guérison d’autres ; il prédit l’avenir d’autres encore ; il prédit la
naissance d’enfants à ceux qui étaient sans enfants ; il prédit plusieurs fois qui
serait le prochain pape avant son élection ; il avait le don de voir les choses à
distance ; et il savait ce qui se passait dans la tête de ses pénitents et d’autres
personnes qui l’entouraient.
Il savait si ses pénitents avaient dit leurs prières, et pendant combien de
temps ils avaient prié. Beaucoup d’entre eux, quand ils parlaient ensemble et
que la conversation allait prendre un tournant dangereux ou mauvais,
disaient : « Nous devons nous arrêter, car saint Philippe le saura. »
Une fois une femme vint en apparence se confesser à lui, alors qu’en réalité
elle voulait une aumône. Il lui dit : « Au nom de Dieu, Madame, allez-vous en ; il n’y a pas de pain pour vous » – et rien ne put le convaincre d’entendre sa
confession.
Un homme qui alla se confesser à lui n’ouvrit pas la bouche mais se mit à
trembler et, lorsque Philippe l’interrogea, dit : « J’ai honte », car il avait commis
un péché très grave. Philippe lui dit doucement : N’ayez pas peur, je vais vous
dire ce que c’était » – et au grand étonnement du pénitent, il le lui dit.
De tels exemples sont innombrables. Il n’y avait pas un seul ami intime de
Philippe qui n’affermait pas que celui-ci connaissait merveilleusement les
secrets du cœur.
Il avait un pouvoir presque aussi merveilleux de guérir et de rétablir la
santé. Il soulageait la douleur en touchant de la main et en faisant le signe de
la croix. Et de la même façon il guérissait instantanément ceux qui étaient
atteints de maladies ; à d’autres moments il le faisait par sa prière ; et à
d’autres moments encore il commandait aux maladies de quitter les personnes.
Ce don était si bien connu que les personnes malades s’emparèrent de ses
vêtements, de ses chaussures, de mèches de ses cheveux, et Dieu effectua des
guérisons à l’aide de ces objets.
Prière
Philippe, saint Patron de notre aumônerie, les blessures et maladies de mon âme sont
plus grandes que celles du corps, et même avec tes pouvoirs surnaturels tu ne peux les
guérir. Je sais que mon Seigneur tout-puissant garde en ses propres mains le pouvoir
de sauver l’âme de la mort et de guérir toutes ses maladies. Mais tu peux faire
davantage maintenant pour nos âmes, par tes prières, mon cher saint, que tu ne fis
pour les corps de ceux qui te sollicitèrent quand tu étais sur la terre. Prie pour moi,
afin que le Médecin divin de l’âme – Celui qui, seul, lit complètement dans mon cœur
– le purifie tout entier, et que moi-même et tous ceux qui me sont chers puissions être
purifiés de tous nos péchés. Et, puisque nous devons mourir, tout un chacun, fais que
nous mourrions, comme toi, dans la grâce et l’amour de Dieu, en ayant l’assurance,
comme toi, de la vie éternelle.