Chers jeunes (Rassemblement dans le cadre des JMJ Panama 2019),
Nous venons d’entendre Jésus : « l’Esprit du Seigneur et sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ». Voilà qui est étrange ! Jésus n’est-il pas en communion avec le Père dans l’Esprit comme Fils de Dieu ? Pourquoi est-il nécessaire qu’il reçoive le Saint Esprit ?
Puisqu’il a intégré la nature humaine, il fallait que cette nature humaine assumée par lui accueille en elle-même le Saint Esprit. Cet accueil a lieu dès la conception dans le sein de la Vierge et il est manifesté pour nous au Baptême dans les eaux du Jourdain. Là, le Père a désigné Jésus comme son Fils et lui a envoyé l’Esprit. Cela signifie qu’en Jésus de Nazareth, c’est toute la Trinité qui se donne à nous.
En raison de cela, nous, qui sommes de nature humaine, nous pouvons recevoir l’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint. C’est exactement ce qui se passe à notre baptême. Saint Paul nous dit qu’à notre baptême : « nous sommes plongés dans la mort du Christ pour ressusciter avec le Christ ». Le fait d’être engloutis dans l’eau signifie la mort mais nous savons aussi que l’eau est donatrice de vie.
Le baptême du Christ signifie que Jésus assume notre condition mortelle pour que nous revêtions la condition divine. Ainsi notre existence, soumise à la mort naturelle due à notre finitude, est appelée à la résurrection en raison de notre filiation divine acquise au baptême.
Le jour de notre baptême, nous avons aussi reçu une onction. Celle du Christ dont parle l’évangile. Cette onction qui l’a fait prêtre, prophète et roi. Il est le véritable messie.
Par notre baptême nous participons à cette onction du Fils de Dieu: prêtre, prophète et roi.
Comme prêtres, nous participons à l’unique sacerdoce du Christ. C’est lui qui fait le lien entre le ciel et la terre, entre Dieu et les hommes puisqu’il est à la fois vrai Dieu et vrai Homme. Par notre baptême nous sommes aussi devenus prêtres. Nous faisons monter notre prière pour le monde et descendre du Ciel la bénédiction. A la messe, le peuple sacerdotal des baptisés rend présent et offre le sacrifice d’amour du Christ pour le salut du monde. Il s’offre avec lui. Voilà pourquoi il est tellement important que nous assistions fidèlement à la messe car c’est notre mission d’offrir à Dieu l’unique sacrifice d’amour pour le salut du monde. Notre absence serait une désertion, comme un agriculteur qui laisserait son champ en jachère ou un médecin qui fuirait son cabinet.
Prophètes. Nous avons été établis prophètes. Le prophète est celui qui anticipe l’accomplissement de l’œuvre de Dieu. Il l’annonce, non seulement par sa parole, mais par toute sa vie. Il s’agit pour nous de porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, la Bonne Nouvelle du salut à la multitude car tous sont appelés au salut opéré par le Christ. Nous ne pouvons laisser personne sur le bord du chemin. Il faut annoncer aux captifs la libération parce que tous sont captifs. Dieu seul est libre. Les aveugles doivent retrouver la vue. Pour cela il faut la lumière. Les yeux sans la lumière sont inopérants. Jésus est la vraie lumière et nous en sommes les témoins.
Rois : notre façon d’envisager la monarchie est particulière. Le mot vient du grec : mono archè qui veut dire « un seul principe ». Notre manière habituelle de voir la royauté est de la croire fondée sur un pouvoir centralisé qui s’appuie sur la force, la puissance. Mais le Christ a révélé sa royauté au sommet de la croix en nous montrant que la royauté divine n’a d’autre principe que l’amour qui va jusqu’au bout du Don.
Voilà pourquoi vous tous, jeunes, vous êtes revêtus d’une dignité extraordinaire en raison de votre baptême. Le pape vous appelle à être disciples missionnaires. Disciples pour vivre dans l’intimité de Jésus. Missionnaires pour annoncer la joie du salut au monde. Votre mission baptismale consiste à ouvrir les portes du Ciel pour tous en honorant votre vocation sacerdotale, à annoncer par la parole et votre vie la bonté de Dieu et à l’accomplir en vivant de cet amour qui nous vient du Christ : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34). Il est temps d’allumer le feu !
+ Michel Aupetit, archevêque de Paris
Ne 8,2-4a.5-6.8-10 ; Ps 18B,8-10.15 ; 1 Co 12,12-30 ; Lc 1,1-4 et 4, 14-21