Une mission reçue de Dieu
Chers médecins, je saisis volontiers cette occasion pour vous dire à nouveau avec quelle bienveillance, avec quelle estime et confiance, l’Eglise vous considère, vous et votre expérience mise au service d’une mission si haute et si généreuse : celle d’aider les frères qui souffrent. A ce propos, il me plaît de faire miennes les paroles que mon vénéré prédécesseur Pie XII adressa en 1945 à un groupe de chirurgiens : » Comme il est noble et comme il est digne de tout honneur, le caractère de votre profession ! Dieu a désigné le médecin pour subvenir aux besoins de l’humanité souffrante. Lui, il a créé cet être, consumé par la fièvre ou lacéré, que vous voyez entre vos mains. Lui qui l’aime d’un amour éternel, il vous a confié la noble tâche de lui rendre la santé. Dans la chambre du malade ou sur la table d’opération, vous apportez quelque chose de la charité de Dieu, de l’amour et de la tendresse du Christ, le grand Médecin de l’âme et du corps. Cette charité n’est pas un élément superficiel, manquant de fermeté… En réalité elle est un amour qui embrasse tout l’homme, un être qui est un frère en humanité, et dont le corps malade est encore vivifié par une âme immortelle que tous les droits de la création et de la rédemption unissent à la volonté de son divin Maître « .
J’ai voulu rappeler ce merveilleux passage parce qu’il met en lumière la mission des médecins et la solidarité humaine et chrétienne qu’ils ont à démontrer en même temps que leur doctrine et les progrès de l’expérimentation. Et sachez, vous aussi, dans la sévère enquête scientifique toujours nécessaire pour un diagnostic précis, avoir une attirance humaine et une profonde sympathie à l’égard de ceux qui font appel à votre aide. Soyez toujours des ministres de la vie; jamais, non, jamais des instruments de mort ! Faites tout avec amour, par amour du Christ qui ne laisse jamais sans récompense ce que vous faites en faveur des plus petits de ses frères. Parce que Jésus a voulu s’identifier avec chacun de ceux-ci : » Dans la mesure où vous l’aurez fait à l’un de ces plus petits de mes frères c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).
Que ce motif idéal vous soutienne dans votre mission : qu’il soit la palpitation secrète qui ennoblisse vos efforts; qu’il soit l’engagement sacré qui vous fasse découvrir en ceux qui souffrent, surtout chez les plus abandonnés, le visage douloureux du Christ et son regard plein de reconnaissance. Que ces sentiments vous guident dans les soins à vos malades, et » le Dieu de l’amour et de la paix sera avec vous « (2 Co 13,11).
Jean-Paul II, à l’hôpital Saint-Jean Calibita, 5 avril 1981